Yves Almadoval, inventeur « sous-marin » du jet-ski
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Rencontre avec ce Nouvellois qui est l’inventeur étonnant d’un « scooter marin trimaran insubmersible », chercheur d’or qui en perdit son brevet, militaire combattant en Croatie… Et qui de rien ne tira profit.
Vous le croiseriez à la terrasse d’un café, ou sur un banc du front de mer, vous diriez qu’Yves Almadoval aurait dû écrire un livre plutôt que de vous raconter sa vie inventée.
Et pourtant, pourtant… Si l’on respecte les trois préceptes qui président au métier de journaliste, à savoir « vérifier, vérifier, vérifier », le Nouvellois n’est pas un mytho, il est un Protée.
Figurez-vous que cet homme, un pied-noir « pur jus », osa créer une base d’envol d’ULM sur le plateau au-dessus de Port-La Nouvelle et Sigean. « Nous étions seulement trois pilotes, fous, à oser décoller et atterrir à cet endroit. Les gens flippaient, forcément, de venir et partir sur cette piste balayée par les vents. » Dans la foulée, il trouva une solution de repli: La Palme. Sur un secteur plat protégé par la falaise, il a créé une base ULM depuis laquelle il prenait l’air avec des aéronefs tractant les banderoles publicitaires. Ces dernières occupent un tant soit peu les touristes qui se prélassent sur les plages. Il y enseignait le pilotage, organisait des baptêmes de l’air.
J’ai inventé un insubmersible autovidant, avec un moteur hors-bord. Tout le monde rigolait
Mais ce n’est pas sa plus belle réussite. Son coup de génie fut, en 1978, l’invention du jet-ski… Dont il n’a tiré aucun profit. Jamais.
« Au départ, j’étais chasseur sous-marin. Le canoë pneumatique ou équivalent ne me convenait pas : trop fragile ; pas de capacité de rangement. J’ai donc inventé un insubmersible autovidant, avec un moteur hors-bord. Tout le monde rigolait. J’ai déposé un brevet en France, en 1978, avec les plans de ce vrai catamaran de poche. Ceux qui ne rigolaient pas, ce sont les Canadiens ; ou encore les Israéliens, qui voulaient s’en servir pour la surveillance des côtes et poser des mitraillettes dessus. Je leur ai répondu que j’avais conçu un engin de loisir, pas un engin de guerre, et aux premiers que je voulais que mon invention reste française », raconte Yves Almadoval.
Courtisé, jamais vendeur
Les Italiens de chez Piaggio voulaient monter un hydrojet sur son prototype. Un grand homme d’affaires français, implanté à Cannes, voulait mettre la main sur cet objet, juste pour relancer l’activité d’une usine en vente. Mais Yves Almadoval n’est pas « du genre« … du genre à se vendre. Il est plutôt parti chercher de l’or, en Guyane. Et puis, il est parti faire la guerre en Croatie, dont il détient désormais la nationalité et le grade de colonel de l’armée, après avoir équipé des ULM… d’armes de guerre! Enfin, avant son retour récent à Port-La Nouvelle, il est parti une nouvelle fois « faire de l’or », pour autrui, dans les mines au Gabon.
En fin de compte, si ce n’est d’avoir vécu une passionnante vie, Yves Almadoval n’a jamais tiré de profit. De rien ou presque.
Mais alors, ce fameux jet-ski? « Je l’ai construit à Paris, dans une boîte où je travaillais gratuitement le jour, en échange de quoi le patron m’a permis de bricoler la nuit et d’utiliser matériel et matériaux. J’ai présenté le prototype au salon nautique à Paris, où j’avais pris un petit emplacement. Comme je vous dis, tout le monde rigolait, malgré mes arguments: mon truc était insubmersible, doté d’un coffre d’un mètre cube ce qui est pour le moins intéressant. Un jour, j’ai débarqué à La Nautique, à Narbonne, avec mon prototype sur le toit de mon Alfasud. Je voulais louer un moteur pour des essais… Mais on m’a envoyé balader! » Et ce fameux brevet déposé en 1978, il l’a perdu car oublié au fond d’un tiroir et non renouvelé par son ex-épouse, tandis qu’il « faisait de l’or » outre-mer. En fin de compte, des industriels ont récupéré le concept, le fonctionnement de l’objet nautique. Et c’est devenu le jet-ski que l’on connaît aujourd’hui.
C’était une bombe!
« Ils n’ont pas perdu de temps, croyez-moi! » Une embarcation qui fait désormais le fonds de commerce de marques internationales et d’opérateurs touristiques. « Avec dix petits centimètres de tirant d’eau, avec un moteur de 30 chevaux, c’était une véritable bombe, cet engin. Je naviguais jusqu’à 30 nœuds (60 km/h environ) avec, et il ne bronchait pas! Je n’ai qu’un regret, c’est à l’époque de l’avoir doté d’un volant et non d’un guidon », plaisante-t-il.
Yves Almadoval a un caractère trempé, celui d’un militaire aguerri. Par-dessus tout, il déteste le mépris et la médisance. Il prouve tout ce qu’il allègue et ne se dépare jamais du brevet de son fameux Alma, « scooter marin trimaran insubmersible » : il fut fabriqué à 70 exemplaires, testé et photographié à Cannes comme à Port-La Nouvelle. Chez un inventeur, la fierté est d’avoir créé. Yves Almadoval est de cette caste de génies, doux dingues et désintéressés, finalement.
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