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Le capitaine Dany Boudreault est censé être à la retraite, mais il est plutôt de retour à la barre d’un aéroglisseur de 70 tonnes et 4 000 chevaux-vapeur, faisant des beignets sur le fleuve Saint-Laurent.
Le vétéran de 40 ans de la Garde côtière canadienne appelle le mouvement de rotation, qui fait tourner l’aéroglisseur sur son axe, « la dérive ».
Boudreault essaie de fouetter les vagues à côté des floes d’un mètre d’épaisseur qui recouvrent le cours d’eau.
Ces vagues pousseront vers le haut et sous les calottes glaciaires, les fracturant en morceaux suffisamment petits pour flotter sans danger en aval.
Le frisson de piloter le Sipu Muin, qui signifie River Bear en Mi’kmaq, est ce qui a ramené Boudreault à la Garde côtière après avoir raccroché sa casquette de capitaine il y a un an et demi.
Le navire est l’un des deux aéroglisseurs de la base de Trois-Rivières chargés de briser la glace là où les rivières se jettent dans la voie maritime — sans toucher la glace.
Alors qu’ils font des blagues à la radio du navire, il est évident que Boudreault et le premier officier Vincent Lessard-Giroux apprécient leur travail. Mais c’est aussi une affaire sérieuse.
Chaque printemps, la glace sur les lacs et les rivières avoisinants fond, envoyant l’eau se précipiter en aval vers la voie maritime.
Si les embouchures de ces cours d’eau sont encombrées de glace, les villes et les terres agricoles environnantes sont inondées.
La tâche de la Garde côtière est de s’assurer que cela n’arrive pas en gardant l’eau qui coule. Il dit que les aéroglisseurs sont parfaits pour le travail.
Avec une vitesse de croisière de 45 nœuds (84 km/h), le Sipu Muin peut parcourir rapidement de nombreuses distances.
C’est un véhicule tout-terrain, planant à environ un pouce au-dessus de tout ce sur quoi il glisse – terre, eau ou glace.
Cela signifie qu’il peut pénétrer dans les eaux peu profondes et remonter dans les petites rivières et les lacs pour briser la banquise côtière – la glace attachée au rivage.
« Ce que nous commençons à faire en ce moment, c’est ce que nous appelons la poussée printanière », explique Isabelle Pelchat, responsable nationale des opérations de la Garde côtière dans l’Arctique.
Pelchat et son équipe à Montréal gèrent une flotte de 18 brise-glaces dans les régions de l’Est et de l’Atlantique, dont 16 ont des coques conventionnelles, ainsi que les deux aéroglisseurs de Trois-Rivières.
Elle dit qu’avec un dégel sur son chemin, le risque est qu’un gros morceau de glace, potentiellement long de plusieurs kilomètres, se détache et dérive dans le chenal de navigation.
En plus d’être un obstacle à la navigation commerciale, une grande banquise pourrait créer un embâcle en aval et embouteiller toute la rivière.
Pelchat dit qu’il y a eu plus de glace cette année qu’au cours des deux hivers précédents, mais qualifie la quantité de « proche de la normale ».
Pourtant, elle dit qu’ils sont en alerte pour les inondations, en particulier pour les cours d’eau qui se jettent dans le lac St-Pierre, comme les rivières Richelieu et Nicolet.
Lessard-Giroux dit que la glace est épaisse et que piloter l’embarcation sur des rivières plus petites peut être difficile.
« C’est vraiment serré et vous devez tourner et ne pas heurter l’engin contre un arbre ou quoi que ce soit d’autre », dit Lessard-Giroux. « Nous devons être prudents. »
Les pilotes et leur équipage auront du pain sur la planche au cours des prochaines semaines alors que le dégel printanier s’accélère.
Pelchat dit que les deux brise-glaces travailleront tous les jours pour rester au top des conditions en évolution rapide.
La Garde côtière utilise également deux hélicoptères, qui effectuent des patrouilles quotidiennes avec à bord un spécialiste des glaces d’Environnement Canada.
« Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir » pour éviter les inondations, dit Pelchat. mais elle dit que tout dépendra de la météo, « et nous ne pouvons pas contrôler cela, malheureusement. »
Alors que l’aéroglisseur zigzague sur l’eau près de l’ancienne centrale nucléaire de Gentilly, la glace dans son sillage se fissure, puis tombe en morceaux qui flottent en eau libre.
A la radio du navire, Boudreault et Lessard-Giroux constatent avec satisfaction la rupture.
Boudreault estime qu’il a accumulé entre 3 000 et 4 000 heures aux commandes d’un aéroglisseur.
Ces jours-ci, Boudreault vient travailler pour le plaisir de conduire et pour maintenir ses compétences.
En glissant à près de 90 km/h, l’expérience ressemble beaucoup au pilotage d’un avion : quelques bosses, mais dans l’ensemble beaucoup plus fluides qu’en mer.
Mais Lessard-Giroux dit qu’il ne s’agit pas seulement de la précipitation de faire bouger une machine aussi énorme si facilement.
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